Salut Pap,
C’est la 85ème lettre que je t’écris. Ça commence à me faire peur, tu sais. Ecrire à quelqu’un qui n’est plus la depuis 4 ans, à un mort quoi !! C’est la première foi que j’utilise ce mot : « mort ». On nous a dit que d’un côte il y avait le monde des vivants, et que de l’autre côte c’était le monde des morts. Histoire de nous diviser… Bref, on ne peut plus communiquer… Et moi je fais quoi si j’ai envie de parler avec toi ?... J’ai ouvert l’une de ces pages dans lesquelles on dit tout, pour soi, quelque pars dans le monde : un blog ! L’idée peut sembler complètement folle mais c’est la seule que j’ai pu réaliser. A chaque fois que j’appuyais sur « publier » je me sentais mieux, plus proche de toi. Un blog… plein de messages que tout le monde peut lire mais que tu n’as pas lus. Pourtant, c’est curieux, mais, du coup c’est comme su tu étais la, c’est comme si la famille était de nouveau réunie. Je te parlais, quoi. Tu étais vraiment là dans mes lettres, un peu comme si tu étais juste en voyage, en Arabie, comme d’habitude.
Mais rien n’était pareil. Les Noëls, les anniversaires, les moments en famille…
Toutes les petites choses que tu faisais, tous ces petits gestes que tu avais l’habitude de faire et que je ne remarquais plus, je les revoyais devant mon écran : décidément, tu n’étais plus là pour les faire. Il y a bien toujours quelques soirs ou j’attends ton appel de 8h, mais ce n’est plus la même attente angoissée, c’est plutôt un souvenir qui me fait sourire.
Et c’est à chaque fois que je ressentais cette absence que je revenais à mon clavier pour te parler de moi, de mes peines, de tout et de rien… et aussi de toi ! À chaque nouvelle lettre qui partait, c’était un peu de soulagement… Peu à peu, la clarté de la sortie du tunnel c’est approchée. Puis, un jour, le sentiment d’avoir affranchi quelque chose : oui, tu peu le dire, je me sentais… « Mieux »… Puis, les lettres se sont espacées… Dire que je m’en voulais, certains jours, de tarder à t’écrire, toi qui ne peux pas me lire ! Cette « folie », je suis prête à la quitter, au moment de comprendre que tu es dans mon cœur, voila tout ! Car après tout, te faut-il des lettres pour le savoir ?
Pap, je suis certaine que tu le comprendras… ici s’achève ma dernière lettre.